Vers une évolution de l’organisation de la santé au travail française ?

En janvier dernier, le Premier ministre a demandé à Mme Lecocq (députée) d’évaluer la performance de notre système de prévention des risques professionnels, et de proposer des recommandations, notamment organisationnelles, afin d’améliorer la performance de celui-ci.

Le rapport de Mme Lecocq vient de sortir. Le voici ci-après.

Il propose une nouvelle organisation simplifiée des organismes de prévention des risques professionnels avec un regroupement des organismes au niveau national, mais aussi de ceux au niveau régional (dont les Services de Santé au Travail). Ceci aurait pour but de rendre plus efficient la promotion de la prévention des risques professionnels, et d’accompagner les entreprises de manière positive sur le sujet par des incitations financières, plutôt que par des sanctions.

Ceci devrait encourager les entreprises, les grandes comme les petites, à déployer des systèmes de management de la santé et sécurité au travail, dans un but final de santé au travail, mais également de performance globale, comme le détaille l’extrait ci-dessous (qui fait écho aux convictions développées en page d’accueil de ce site) :

“[…] Si les propositions du présent rapport visent à mettre les acteurs de la prévention en ordre de bataille pour permettre à la culture de prévention de pénétrer les pratiques managériales au quotidien, elles restent axées sur une approche par les risques.
C’est pourquoi la mission conçoit le scénario qu’elle a proposé comme une étape incontournable mais aussi comme un préalable à l’objectif encore plus ambitieux d’offrir à terme un système qui serait résolument tourné vers la promotion simultanée de la santé et de la performance globale de l’entreprise. Un niveau de maturité supérieur, serait non plus de faire de chacun un préventeur mais un promoteur d’un milieu de travail simultanément propice à l’efficacité économique et au bien-être au travail, ce qui implique cette fois tous les acteurs et décideurs du développement économique.
Il n’est en effet pas de performance économique sans performance sociale de l’entreprise. Il n’est pas de pérennité de l’entreprise sans capacité à s’adapter et à agir sur un environnement mouvant, internationalisé, et hautement concurrentiel.
Le concept de performance globale répond à ces enjeux en intégrant la logique de développement durable dans la stratégie d’entreprise. Ainsi, l’entreprise n’est plus uniquement tournée vers ses objectifs de performance financière, mais vise également à concourir au bien-être sociétal et environnemental. Cette démarche porteuse de sens, plébiscitée par les nouvelles générations,
contribue à la fois à l’attractivité des compétences dont a besoin l’entreprise et dans le même temps à la fidélisation des professionnels, leur attachement à l’entreprise et leur engagement, tout en favorisant le bien-être au travail et en réduisant les facteurs de risques psychosociaux. […]”.

Reste à voir comment le gouvernement va accueillir les recommandations de ce rapport … et quelles négociations vont s’ouvrir avec les partenaires sociaux … A suivre …

rapport_de_mme_charlotte_lecocq_sur_la_sante_au_travail_-_28.08.2018